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quand l'homme n'est plus homme ?

  • Petrux
  • 26 mai
  • 6 min de lecture

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Qu’est-ce qu’un homme ? Être un homme, au sens profond et originel du terme ? La réponse à cette question semble aujourd’hui plus floue que jamais. Comme si, au fil du temps, au fil des civilisations, l’homme — dans son essence masculine — avait peu à peu disparu.


Pour le retrouver, il faut remonter très loin. Bien avant la modernité. Bien avant l’histoire écrite. Là où l’humain était encore profondément relié à ses instincts, à ses énergies brutes, à son rôle dans la nature.



À l’origine : l’instinct brut et sacré de l’homme


Dans les temps anciens, être un homme ne relevait pas d’une construction sociale, mais d’une impulsion vitale. Deux valeurs fondamentales structuraient son identité : la protection et la solidarité.


L’homme vivait pour protéger — sa femme, son clan, son territoire. Non par possession, mais par devoir viscéral. Son corps, traversé par la testostérone, réagissait instantanément au danger. Il ne posait pas de question : il se levait, s’armait, et allait défendre. Son honneur, sa légitimité d’homme reposait là-dessus. Il n'était pas un homme seul, il était homme parmi les hommes, et ce n’est que par cette union sacrée avec les siens qu’il accédait à sa pleine force.


Et la femme ? Elle portait une autre force, tout aussi sacrée : celle de la vie, de l’amour diffus, de la création intuitive. Là où l’homme agissait pour protéger sa femme, la femme se consacrait corps et âme à ses enfants. Chacun avec ses hormones, chacun avec ses rôles inscrits dans les fibres du vivant.


C’était un équilibre. Un partage. Non pas une domination ou une hiérarchie, mais une complémentarité naturelle, intense, profonde.


Les jeux des enfants : l’éveil instinctif du masculin


Dès l’enfance, ces instincts refont surface. Observez les jeunes garçons : sans qu’on les y pousse, ils jouent à la bagarre, testent leur force, s’affrontent pour prendre le rôle de « chef ». Ce n’est pas une construction culturelle imposée — c’est une mémoire biologique ancienne qui ressurgit.


Le jeune garçon veut être fort, non pour dominer, mais pour mériter. Mériter le respect de ses pairs, mériter d’être reconnu comme un pilier. L’épreuve de la confrontation est, pour lui, une voie de construction. Il cherche à devenir celui qui protège, celui qui rassemble, celui sur qui l’on peut compter. C’est ainsi qu’il forge son identité masculine.


Mais dans notre monde moderne, ces élans sont rapidement réprimés, jugés, culpabilisés. On parle de masculinité toxique, sans prendre le temps de distinguer l’instinct noble du comportement déviant. On coupe l’élan sans le guider.


La rupture moderne : l’homme désarmé


Aujourd’hui, l’homme ne protège plus. Non parce qu’il ne le veut pas, mais parce qu’on lui a retiré ce droit, cette nécessité, cette opportunité. La sécurité a été déléguée à des structures anonymes : police, armée, lois. La solidarité masculine s’est effondrée, remplacée par la compétition ou l’isolement.Et surtout : la femme n’a plus besoin d’être protégée — ou du moins, c’est ce que l’on répète à l’homme, inlassablement.


Alors il doute. Il se cherche. Il n’ose plus. Il ne sait plus comment être un homme. Il est né avec une énergie qui ne trouve plus de terrain d’expression. Il devient instable, en tension, parfois agressif, parfois passif. Il se tait, ou il explose. Mais toujours, il s’éloigne de lui-même.


Et la femme, elle aussi, en souffre. Non parce qu’elle ne peut pas se défendre seule, mais parce qu’elle ne peut plus se reposer. Elle ne trouve plus cette sécurité qui lui permettait autrefois de plonger totalement dans sa nature intuitive, créatrice, aimante. Elle devient plus forte, plus active — mais au prix de quoi ? Au prix, souvent, d’une fatigue intérieure, d’un désalignement.


Un déséquilibre profond : quand l’homme n’est plus homme


Quand l’homme perd son lien avec son rôle de protecteur et de frère solidaire,Quand il ne peut plus faire confiance à son énergie virile,Quand il ne peut plus se battre aux côtés d’autres hommes pour un but plus grand,Alors il s’éteint de l’intérieur.


Et quand la femme ne peut plus faire confiance à l’homme pour tenir ce rôle,Quand elle doit tout porter, tout prévoir, tout assumer,Alors elle s’épuise et se referme.


Pourtant, malgré cette rupture, l’homme n’a pas complètement perdu sa mission. Il a tenté, tant bien que mal, de l’adapter au monde nouveau.


Les alternatives modernes : comment l’homme tente encore d’être homme


Face à la perte du rôle de protecteur physique, l’homme moderne n’a pas abandonné sa mission. Il l’a transposée.


Dans de nombreuses cultures encore ancrées dans leurs traditions — en Afrique, en Asie —, l’homme continue de défendre sa famille par le biais de l’argent. Il travaille dur, accepte l’usure, le sacrifice de soi, parfois l’exil, pour garantir à sa femme et ses enfants sécurité et dignité. Ce n’est pas seulement une pression sociale : c’est une mémoire instinctive, une manière de prolonger l’élan ancien du guerrier qui protégeait le foyer avec son corps.


Mais en Occident, ce rôle a commencé à vaciller. Les femmes y ont gagné leur autonomie économique, leur place dans la sphère du travail. Ce gain, fondamental pour l’égalité, a aussi bouleversé le masculin. L’homme a dû, une fois encore, se réinventer.


Alors il a cherché d’autres manières d’exister dans son rôle. Il s’est tourné vers la compétence technique, l’action concrète : réparer, construire, comprendre, résoudre. Il est devenu celui qui “sait faire”, celui sur qui on peut compter quand tout s’effondre, non plus en force, mais en savoir-faire. Et parfois, il est devenu celui qui pense, qui guide par la connaissance ou la sagesse.


Ces rôles sont tous des tentatives nobles de maintenir cette mission profonde : protéger, rassurer, porter. Mais à mesure que la société les érode ou les moque, l’homme se sent de plus en plus dépossédé de son utilité. Et ce vide intérieur, cette rupture avec sa raison d’être, est l’un des grands malaises du masculin contemporain.


La femme en miroir : Entre émancipation et imitation du masculin


Dans cette confusion du masculin, la femme, elle aussi, s’est trouvée emportée. Elle n’a pas seulement été témoin de la chute de l’homme dans sa fonction protectrice — elle en a porté le prix. Car sans homme debout, sur qui poser sa confiance, la femme n’a eu d’autre choix que de devenir forte. D’assumer. De tenir.


Alors, elle s’est émancipée — et cette émancipation était juste, nécessaire, précieuse. Mais sur ce chemin, un glissement s’est opéré : au lieu d’approfondir sa puissance féminine et éclairer l'homme dans la voie à prendre, la femme a parfois choisi d’imiter le modèle masculin. Non pas l’homme enraciné, mais l’homme en fuite. Celui qui cherche à prouver sa valeur par le faire, le contrôle, la réussite, la domination.


Elle s’est détachée de l’homme, non seulement pour ne plus en dépendre, mais parfois pour le surpasser, le contrôler, voire le consommer. La séduction devient une arme, la douceur un fardeau, l’enfant un obstacle. Elle a choisi l’ascension sociale, le pouvoir, la liberté totale… mais au prix de quoi ?


De plus en plus, la femme devient l’homme qu’elle aurait voulu avoir à ses côtés. Elle cherche la puissance, mais oublie parfois la présence. Et si la femme emprunte le même chemin que l’homme a pris, elle rencontrera les mêmes impasses : fatigue intérieure, solitude, perte de sens. Elle sera coupée d'elle-même.


En allant dans cette direction, elle se déconnecte de son essence profonde. Car la véritable féminité n’est pas faite de contrôle, ni de séduction stratégique. Elle est faite de connexion vivante, de réceptivité active, de lien subtil avec le vivant, l’intuition, l’harmonie.


Ce que nous voyons aujourd’hui n’est pas un féminisme apaisé, mais parfois un masculisme féminin — une réaction au vide laissé par l’homme, qui produit une nouvelle forme de déséquilibre.


Et si, au lieu de nous perdre chacun dans une imitation de l’autre, nous retrouvions nos propres ancrages ? Et si la solution ne résidait ni dans la domination, ni dans l’indépendance absolue, mais dans une alliance des forces, dans la complémentarité assumée ?


Ce n’est pas moins de liberté qu’il nous faut. C’est une liberté enracinée dans l’essence, pas dans la rupture.Une force offerte, pas imposée.Un retour à soi, pour mieux s’unir.


Conclusion : retrouver la voie du masculin, et donc de l’humain


Ce n’est pas le retour à la préhistoire que nous devons appeler, mais le retour à une conscience plus ancrée de notre nature profonde.

L’homme doit réapprendre à être homme : non pas selon les diktats culturels, mais selon l’intelligence de ses hormones, la puissance de sa responsabilité, la noblesse de sa mission.


Et la femme, elle, ne demande pas à être soumise, mais à pouvoir faire confiance, pour enfin s’ouvrir pleinement à son essence.


Quand la protection retrouve son sens, l’amour peut à nouveau circuler.Quand l’union des hommes renaît, la paix peut revenir dans les clans modernes.


La société moderne a désuni l’homme de l’homme, et l’homme de la femme.Mais au fond de chaque être, cette mémoire ancienne bat toujours. Et si l’on écoute attentivement, on peut encore l’entendre murmurer : "Protège, rassemble, aime, et tu seras un homme."


Ce n’est pas dans l’extrême individualisme que l’homme et la femme trouveront leur plein potentiel, mais dans une reconnaissance réciproque de leurs énergies propres, dans une alliance harmonieuse, et non dans la compétition.

Et peut-être qu’en retrouvant ensemble nos rôles profonds, hommes et femmes pourront enfin cesser de s’opposer pour recommencer à s’harmoniser.

 
 
 

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