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La richesse : une quete à mesurer

  • Petrux
  • 26 août
  • 5 min de lecture
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Le mirage de la mesure


Qu’est-ce que la richesse, si elle se dissout dès que l’on tente de la compter ? Dans l’échelle infinie des avoirs, chacun est l'opulent de l’un et l’indigent d’un autre. Alors, si la comparaison est un escalier sans fin, il est temps de changer d’architecture. La richesse n'est pas un stock, un trésor à accumuler et à garder jalousement. Elle est une circulation, un mouvement perpétuel. Je ne suis pas ce que je possède, mais ce que je fais passer, ce que je mets en mouvement.


Question — Qu’est-ce qui circule grâce à moi aujourd’hui, concrètement ?


L'Abondance Originelle que l'on Oublie


L’enfant ne tarife ni son rire, ni sa présence, ni son invitation au jeu. Il n’additionne pas : il relie. Nous naissons riches de tout ce qui ne s'achète pas—l’attention, la curiosité, l'élan pur. Puis, pas à pas, nous apprenons la valeur marchande, désapprenant la valeur relationnelle. La société chuchote : « Tout peut se monétiser ». Ce chuchotement devient un vacarme qui assèche notre vision du monde : l’amitié se contractualise, l’hospitalité devient une prestation, la disponibilité une ressource à optimiser. L’argent, pourtant, n'est ni coupable ni sauveur, mais un simple outil. Il appauvrit lorsqu’il se substitue au lien ; il enrichit lorsqu’il le resserre.


Question — Où ai-je laissé la monétisation se substituer à la relation ?


Le Piège du Sacrifice et de la Dépendance


Quand tout se vend, on finit par se vendre soi-même : son temps, sa paix, sa capacité à dire non. L’obsession de l’avoir installe une dépendance paradoxale : plus l’on possède, plus l’on craint de perdre, et plus l'on sacrifie sa liberté au nom d’une sécurité qui recule toujours d’un pas.


Une observation inconfortable s'impose : beaucoup acceptent de "donner" par obligation (impôts, charges, normes) mais peinent à donner par choix—10 % de leur temps, de leur argent, de leur maison vide, de leur savoir. La question n’est pas idéologique ; elle est intérieure :  Questions — À qui donnes-tu sans le choisir ? Et que choisis-tu vraiment de donner cette semaine ?


Le Paradoxe du Riche : Revenir au Zéro


Certains, au bout du cumul, rencontrent le vide. Ils ont tout compté, et réalisent que la somme n’est rien. Alors, ils simplifient. Ils abandonnent l’apparat pour des vêtements ordinaires, la voiture de luxe pour un modèle banal, et les conversations d’affaires pour le silence et la profondeur. Ils redécouvrent l’évidence première : la seule richesse qui reste est celle que l’on offre.


Question — Si tout le décor tombait, qu’est-ce qui de moi continuerait d’enrichir les autres ?


Trois Capitaux à Cultiver et à Faire Circuler


La richesse se reconnaît moins à ce que l’on garde qu’à ce que l’on met en mouvement. Voici trois capitaux non exclusifs, à cultiver en soi et à faire circuler :


  • Capital de présence : attention, écoute, temps de qualité, fiabilité.

    • Indicateur intérieur : Suis-je capable d’être pleinement là, sans téléphone, sans « agenda caché » ?

  • Capital de liens : hospitalité, réputation partagée, mises en relation, confiance.

    • Indicateur : Combien de personnes peuvent compter sur moi… et sur qui puis-je compter sans honte ?

  • Capital de moyens : argent, lieux, outils, compétences.

    • Indicateur : Qu’est-ce qui dort chez moi (compétences, objets, espaces) et que je pourrais mettre en circulation ?


La vraie abondance naît quand notre sentiment de suffisance est clair. Ce qui déborde devient alors naturellement disponible.


Le Don n'est Pas le Sacrifice


Donner, ce n’est pas se vider, mais laisser passer ce qui déborde. La générosité sans limites devient une dette et une source de rancœur. En revanche, le don conscient, avec des limites, devient une source de joie et de paix. La phrase clé est la suivante : « Je donne depuis l’abondance vécue, pas depuis la peur de manquer ni le besoin d’être aimé. »


Maintenant mettons en lumière la temporalité avec la richesse pour comprendre les effets et les impacts.


L'Illusion de la Mesure et l'Écho de la Mémoire


On nous a enseigné que la richesse était une photographie de l'instant présent : un solde de compte, une valeur marchande, une collection de biens. Mais la richesse, en réalité, est une question de temporalité. Quand nous nous posons la question : "Ai-je été riche ?", la réponse ne se trouve pas dans un bilan comptable. Elle réside dans notre mémoire.


Ce qui y résonne avec une intensité intacte, ce ne sont pas les acquisitions matérielles. Une vieille voiture, autrefois symbole de statut, perd sa valeur avec le temps. L'objet vieillit, s'use, et son prestige s'efface. Non, ce qui perdure, ce sont les émotions, les éclats de rire, la chaleur d'une main tenue, l'écho d'un cœur qui bat. Ce sont ces instants qui remontent à nous comme des trésors, dont la valeur ne s'érode jamais. L'argent, dans ce souvenir, n'est qu'un élément de décor, un outil ayant servi à créer le lien, mais le lien lui-même est devenu la seule richesse véritable.


Le Corps, le Cœur et la Richesse de l'Instant


Et lorsque nous nous interrogeons sur notre état présent, "Suis-je riche maintenant ?", la réponse n'est pas monétaire. Elle est viscérale, une connexion avec notre corps et notre cœur. La réponse se loge dans un sentiment de sécurité, dans le confort physique, dans la satisfaction émotionnelle d’être aimé, d'être en paix. L'argent n'a aucune voix dans ce dialogue intime. Il n'est qu'un prétexte. La vraie richesse de l'instant est une perception, une simple perception de soi et de ses besoins profonds, loin du tumulte du marché.


Le Piège du Futur et la Nourriture de l'Ego


La seule fois où l'argent s'immisce dans notre sentiment de richesse, c'est dans la projection vers l'avenir : "Suis-je suffisamment riche pour demain ?" C'est ici que l'illusion est la plus puissante. Nos rêves, notre équilibre, notre place dans la société sont traduits en chiffres, en étiquettes, en objectifs monétaires. Dans cette course folle, l'argent devient la nourriture de l'ego, le carburant de son pouvoir et la preuve de son existence.


Comment combattre ce fléau qui nous aliène ? La solution réside dans une prise de conscience simple et radicale : notre existence et la satisfaction de notre vie ne sont pas dans le futur, mais dans la mémoire de notre passé, où l'argent a déjà perdu sa valeur, et dans l'instant présent, où il est insignifiant.


L'argent est un outil de l'ego, certes. Mais il peut aussi devenir l'outil du cœur. Il a été acquis par le travail ou le sacrifice. Il peut maintenant être donné, partagé, mis au service de la création de liens, de l'amour, du cœur et des émotions. C'est en le donnant que nous créons ces souvenirs indélébiles qui deviendront notre seule et unique richesse.


Conclusion


La vraie vie n’est pas dans l’accumulation, mais dans la circulation. Donner, c’est créer notre propre légende, non pas pour l'afficher, mais pour la graver dans le cœur de ceux qui nous entourent. C’est la seule manière de s'assurer une existence riche, une existence qui ne s'efface pas.

 
 
 

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